Les vitraux...

En l'église Saint Clément de Saint Euphrône...

Comment des vitraux modernes dans une église des 13e et 16e siècles ?

Merci pour l'aide apportée .... en particulier à :


L'ŒUVRE DE QUI ?


Ils sont l'œuvre de ANDRE DURAND, prêtre, curé de ANNOUX (89), chanoine de l'archevêché d'Auxerre. Né le 09/03/1900 à Sully sur Loire, décédé le 23.03.1985 à Avallon.


Sa famille, originaire de Sully sur Loire vient s'installer sans le Jovinien au début du siècle .Selon sa sœur, il avait , enfant, toujours une idée en tête et des ficelles, marrons, canif dans ses poches de culotte ! il était extrêmement entreprenant, il avait sans cesse une nouvelle invention... "Il fut élève au petit séminaire Saint Jacques de Joigny puis au grand séminaire à Sens. Le 15 septembre 1925 il est nommé prêtre à Annoux, après son ordination le 29 juin de la même année... Il n'était pas très grand, il avait le visage mat. Un de ses frères a travaillé à Grésigny où l'on peut admirer un beau vitrail du chanoine, " l'eau vive ". Camille, une de ses deux sœurs, qui toutes les deux ont voué leur vie à l'enseignement libre, enseignait le dessin d'art à TROYES : elle raconte que, pendant ses congés, elle aidait son frère au besoin "il s'entendait à faire travailler les autres !... Pour l'amour de Dieu ! "des proches qui ne comptaient ni leur temps, ni leur argent. Camille cite une anecdote : il n'y avait pas de "sainte Thérèse" dans l'église paroissiale... Qu'a cela ne tienne ! Camille a emprunté à Troyes une tenue de religieuse aux carmélites de Troyes, a préparé les dessins , une jeune fille a servi de modèle... . Le chanoine a fait préparer un tableau de bois sur laquelle elle a peint l'été venu, une sainte Thérèse .Dans l'église d'Annoux, on peut retrouver le panneau : Sainte Thérèse se tient debout devant un rosier, elle cueille un rameau dont une fleur tombe sur le département de l'Yonne où le chanoine vécut " toute sa vie active excepté la période de guerre.


Curé dynamique, ordonné à 25 ans, conseiller municipal de son village, grand résistant.(cf. ses mémoires et le grand neurologue Scherrer qui cite ses faits de Résistance, cf. le fonds de Société d'études à Avallon et l'association Rhin et Danube ;Il a aussi écrit sur la famille d'Annout) La rue où il habitait porte son nom . " : rue du Chanoine Durand " 89440 Annoux. Il n'a jamais voulu quitter son village,-" si vous me l'ordonnez, je partirai, si vous me laissez libre, je resterai " , disait-il aux différents archevêques qui se sont succédés. Après le décès du doyen de l'Isle sur serein, prenant sa succession, il recevait à son tour, chaque lundi les prêtres du doyenné. "


Vraisemblablement un ami de séminaire de l'Abbé RIOTTE, curé de MARIGNY LE CAHOUëT de 1942 à 1961, desservant la paroisse de Saint Euphrône, à l'époque, qui lui a commandé et payé les vitraux.


L'abbé Durand travaillait inlassablement des petits morceaux de verre sur des tréteaux dans le grenier de sa maison à Annoux (cure) ,pour les églises qui avaient de faibles moyens ( " pour boucher les trous des courants d'air- disait_il- tant était affligeante la détérioration du parc immobilier de l'Eglise après les guerres). Il faisait venir le plomb de l'ouest car " c'était moins cher ". Chez Hamelin, grossiste en verre à Auxerre, le chef d'entreprise disait : " voici Monsieur le Curé d'Annoux, donnez lui le plus beau verre ! "


Tout autour de notre village , Saint Euphrône, de nombreuses églises ont bénéficié de sa générosité( près de 600 vitraux). .Son art reconnu, il refusait même de faire des vitraux pour les paroisses qui disposaient de plus de possibilités Il ne faisait payer que le verre et le plomb, pas la façon. Il habitait la cure de la commune d'Annoux ,qui appartient encore de nos jours à la commune .Il cultivait des arbres fruitiers et un beau jardin .


Agée de 95 ans en 1999, quand nous l'avons rencontrée pour la première fois, habitant toujours 1 rue du Chanoine Durand 03.86.33.84.34.,dit que le chanoine avait une forte personnalité , plein d'humour: il signait ses œuvres (pas toujours) d'une petite croix….. de Saint André !…Dans notre église , la croix est visible en bas à gauche du vitrail ,à droite de l'autel. Il travaillait avec du verre non teinté " comme autrefois " quand les murs des églises étaient couverts de peintures aux couleurs vives. Il était loin peut être de penser qu'on trouverait sur les murs de notre église des peintures murales du 16 e siècle!…


Il a légué à sa mort un ensemble impressionnant de notes sur la vie paroissiale et les faits de guerre et de résistance, et le livre très précieux dans lequel il avait serré tous les dessins des vitraux qu'il a conçus de 1928 à 1979( plus de 300 dessins), à la société d'études d'Avallon. Sa sœur Camille assure qu'il en a fait beaucoup plus, car il ne dessinait pas les 'réparations "Quand le grand séminaire de Sens a été vendu, on lui a proposé de récupérer le vitraux qu'il a transformé pour des églises de son choix, en particulier Annoux. .Il n'avait pas de four, il utilisait donc du verre coloré.


MAIS... ... ... POURQUOI DES VITRAUX NEUFS DANS UNE EGLISE datée des 13 ET 16e ?


Un orage très violent a brisé les vitraux le 09/01/1943(voir la délibération de Villars Villenotte). Cet orage , en une fin d'après midi en plein hiver, a, d'un souffle puissant déplacé l'autel et les bancs des fidèles. Certains anciens du village s'en souviennent encore et aussi de la frayeur qu'ils avaient eue !


Pour préserver l'intérieur de l'édifice, on avait posé de simples fenêtres.. De cette époque date sans doute les dégâts aux chemin de croix...


Dessinés, fabriqués et livrés ( cf. le calendrier au jour le jour de l'évolution de son travail) sans la pose, le 26 août 1949 ,à l'abbé Riotte, curé de Marigny, desservant Saint Euphrône, les vitraux ont été mis en place par M Gueneau André, artisan à Marigny le Cahouet en 1953 ( ?)..


Pendant l'année 1949, le chanoine a aussi travaillé pour un nombre impressionnant de " clients " comme noté très précisément dans son registre (au format de " pages d'écoliers ")…. :


Milly, Senan, Champvallon, St Germain des Champs, Sarry, Blannay, Vignes Cerisy les Grands Ormes, Fontenay sous Fouronnes, Soutangy, Noyers, Avigny, Mailly la Ville, le couvent et l'église de Saint Remy,Vassy sous Pisy, Annoux, L'Isle sur Serein.


Sources :

Camille Durand, décédée en février 2002
Société d'Etude à Avallon
Le registre du curé d'Annoux (pour ST Euphrône). Pages 59.60.61.62.
La " chronique paroissiale " par A Durand, curé d'Annoux.


 

Quelques exemples...
Depuis 1928 à 1973 tirés de ce livre de 351 pages (cf. photos et dessins).


 
 
1828 Soulangy 1949 Blanay 1954 Sauvigny le beuréal 1959 En couleur 1962 Gissey
1932 Pasilly 1949 Saint Rémy 1955 Alise Sainte Reine 1959 1960 1961 Sainte Colombe en Auxois 1962 Fain les Moutiers
1934 Sary 1950 Montréal 1956 1957 Arnay sous Vitteaux 1961 Vausse 1964 Corsaint
1965 St André
en terre plaine :
les fonds baptismaux
1971 Roilly 1971 Charigny
(6 vitraux)
1971 Pouillenay 1973 Mussy la fosse
1973 Crépand
polychrome
1949 Couvent de Sainr Remy 1952 Cussy les Forges 1957 Quarré les Tombes(bougies couleurs) 1979 Sarry
1956 Grésigny 1962 Gissey   Ménétreux le Pitois   La Roche Pot

 

Page 124 de sa "chronique paroissiale" (ci dessous) :


 

(extrait du cahier du Chanoine Durand)


 

« 1949 »

« Saint Euphrône. Côte d'Or. Terminé une série de vitraux


 

Le 8 août : en 4 panneaux translucides. Bandes losangées courant de droite et de gauche coupant une croix grecque.


Le 11 août : losange enchevêtré de deux demi losanges (bandes) de droite et de gauche. Translucide, 4 panneaux.


Le 16 août : en 4 panneaux translucides. Losanges en bande, enchevêtrés de deux bandes perpendiculaires.


Le 19 août : en 4 panneaux translucides. Croix grecque en bandes contournée d'éléments de losanges en bande.


Le 21 août : en 2 panneaux translucides. 2 losanges enchevêtrés de parties d'ovale = motifs à bande.


Le 24 août : en deux panneaux translucides. Ovale de bande enchevêtré de haut en bas de deux demi losanges de bande.
 
 

Donné livraison le 26 août, à l'abbé Riotte, desservant, curé de Marigny le Cahouet. Côte d'Or.
 
 
Travail de pose laissé à ses soins. »


 

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